Des propriétaires touchés par l’ouragan Helene devront reconstruire sans assurance

Une semaine après que l’ouragan Helene a dévasté le sud-est des États-Unis, les propriétaires les plus touchés se demandent comment ils pourront payer les dégâts causés par l’inondation de l’une des tempêtes les plus meurtrières à avoir frappé le continent de l’histoire récente.

La tempête de catégorie 4 qui a frappé la côte du golfe de Floride le 26 septembre a déversé des milliers de milliards de litres d’eau sur plusieurs États, laissant derrière elle une traînée de destruction catastrophique qui s’étend sur des centaines de kilomètres à l’intérieur des terres. Plus de 200 personnes sont mortes dans ce qui est désormais l’ouragan le plus meurtrier à avoir frappé le continent américain depuis Katrina, selon les statistiques du centre national des ouragans.

L’ouest de la Caroline du Nord et la région d’Asheville ont été particulièrement touchés, avec des inondations qui ont détruit des bâtiments, des routes, des services publics et des terres d’une manière à laquelle personne ne s’attendait, et encore moins à laquelle personne ne s’était préparé.

Des zones intérieures de certaines parties de la Géorgie et du Tennessee ont également été emportées. Le quartier d’Oak Forest, dans le sud d’Asheville, porte bien son nom, avec ses arbres dominant des maisons de style ranch des années 1960 sur de grands terrains. Mais le 27 septembre, alors que les restes d’Helene balayaient l’ouest de la Caroline du Nord, de nombreux arbres se sont écrasés, atterrissant parfois sur des maisons.

Julianne Johnson a expliqué qu’elle remontait du sous-sol pour aider son fils de 5 ans à choisir des vêtements ce jour-là lorsque son mari a commencé à crier qu’un chêne géant tombait en diagonale sur la cour. L’arbre a presque raté la maison, mais a quand même froissé une partie d’un porche en métal et endommagé le toit. Puis, son sous-sol a été inondé, a ajouté Mme Johnson,.

Vendredi, une bâche bleue était maintenue sur le toit par une brique. La moquette trempée que la famille avait arrachée gisait sur le côté de la maison, attendant d’être envoyée à la décharge. Sans service de téléphonie mobile ni accès à Internet, Mme Johnson a indiqué qu’elle n’avait pas pu déposer de demande d’indemnisation auprès de son assurance habitation avant quatre jours après la tempête.

«Il m’a fallu un certain temps pour passer cet appel, a-t-elle déclaré. Je n’ai pas encore d’expert en sinistres.»

S’en sortir sans assurance inondations

Les dommages causés au toit et aux arbres sont susceptibles d’être couverts par la police d’assurance habitation moyenne. Mais Mme Johnson, comme de nombreux propriétaires, n’a pas d’assurance contre les inondations et elle ne sait pas comment elle va payer cette partie des dommages.

Ceux qui se remettent de la tempête peuvent être surpris d’apprendre que les dommages causés par les inondations sont une chose complètement différente. Les professionnels et les experts de l’assurance avertissent depuis longtemps que l’assurance habitation ne couvre généralement pas les dommages causés par les inondations à la maison, même s’ils soutiennent que les inondations peuvent se produire partout où il pleut.

En effet, les inondations ne se limitent pas à l’eau de mer qui s’infiltre dans le sol – il s’agit également de l’eau des berges, ainsi que des coulées de boue et des pluies torrentielles.

Mais la plupart des compagnies d’assurance privées ne proposent pas d’assurance contre les inondations, ce qui fait que le «National Flood Insurance Program» géré par la «Federal Emergency Management Agency» (FEMA) est le principal fournisseur de cette couverture pour les habitations résidentielles. Le Congrès a créé le programme fédéral d’assurance contre les inondations il y a plus de 50 ans, lorsque de nombreux assureurs privés ont cessé de proposer des polices dans les zones à haut risque.

Selon les dernières données de la FEMA, la Caroline du Nord compte 129 933 polices d’assurance contre les inondations, même si la plupart de ces protections seront probablement concentrées sur la côte plutôt que dans la région des Blue Ridge Mountains, où Helene a causé le plus de dégâts. En comparaison, la Floride compte environ 1,7 million de polices d’assurance contre les inondations dans tout l’État.

Charlotte Hicks, experte en assurance contre les inondations en Caroline du Nord, qui a dirigé des formations et des actions de sensibilisation aux risques d’inondation pour le département des assurances de l’État, a expliqué que la réalité est que de nombreux survivants d’Helene ne seront jamais indemnisés. Sans assurance contre les inondations, certaines personnes pourront peut-être reconstruire avec l’aide d’organismes caritatifs, mais la plupart des autres devront se débrouiller seules.

«Il y aura certainement des gens qui seront financièrement dévastés par cet événement, a déclaré Charlotte Hicks. C’est déchirant.»

Des risques de faillites ou de saisie

Certains pourraient faire l’objet d’une saisie ou d’une faillite. Des quartiers entiers ne seront probablement jamais reconstruits. Il y a eu des dégâts des eaux partout, a déclaré Mme Hicks, et pour certains, des coulées de boue ont même emporté le terrain sur lequel se trouvait autrefois leur maison.

En attendant, Helene s’avère être une catastrophe assez gérable pour le marché de l’assurance habitation privée, car ces plans ne servent généralement qu’à couvrir les dommages causés par le vent des ouragans.

C’est un soulagement pour le secteur, qui subit une pression croissante en raison d’autres catastrophes climatiques de plus en plus intenses, telles que les incendies de forêt et les tornades. Nulle part ailleurs qu’en Floride, le rétrécissement du marché privé dû à l’instabilité climatique n’est plus évident, où de nombreuses entreprises ont déjà cessé de vendre des polices d’assurance, faisant de la «Citizens Property Insurance Corporation», soutenue par l’État, le plus grand assureur habitation de l’État.

Mark Friedlander, porte-parole de l’«Insurance Information Institute», un groupe industriel, a déclaré qu’Helene est un «événement de perte très gérable» et estime que les pertes des assureurs se situeront entre cinq et huit milliards de dollars environ. C’est à comparer aux pertes assurées de l’ouragan de catégorie 4 Ian en septembre 2022, qui ont été estimées à plus de 50 milliards $ US.

M. Friedlander et d’autres experts soulignent que moins de 1 % des zones intérieures qui ont subi les dégâts les plus catastrophiques dus aux inondations étaient protégées par une assurance contre les inondations.