Circuit mondial de courte piste: Un nouveau format apprécié par le Canada
MONTRÉAL — Lancés dans l’inconnu avec le nouveau Circuit mondial de courte piste, les patineurs canadiens ont brillé avec 14 médailles en deux étapes à Montréal. Mais au-delà des résultats, c’est la charge de travail qui a retenu l’attention.
Sacrés champions canadiens en début de saison, William Dandjinou et Florence Brunelle ont gagné le droit de participer aux trois épreuves individuelles – 500, 1000 et 1500 mètres – sur le circuit qui se nommait auparavant la Coupe du monde. Dans l’ancienne mouture, les patineurs étaient limités à deux distances.
Dandjinou a donc pris part aux six courses masculines, tandis que Brunelle a participé à cinq épreuves individuelles. Si Dandjinou a brillé avec cinq médailles individuelles, Brunelle n’est pas montée sur le podium.
Pour la Trifluvienne de 20 ans, ce sont toutefois les pénalités et les chutes qui ont fait la différence, plutôt que le niveau d’énergie.
«Il y a un ajustement au niveau des entraînements, étant donné que les courses reviennent très rapidement, a-t-elle reconnu. Il faut s’assurer qu’on est capable de récupérer. Mais on est en forme et on est capables. C’est juste de l’avoir en tête et de savoir que la pause est très, très courte.»
Les athlètes patinent donc beaucoup et ne profitent parfois que de très courtes périodes de récupération entre deux courses. Or, la gestion d’énergie n’est pas la seule difficulté supplémentaire. En effet, les meilleurs patineurs n’ont plus à choisir les distances auxquelles ils participeront, de sorte que le niveau est plus relevé, et ce, dès les quarts de finale.
La marge d’erreur est donc réduite et les repêchages deviennent très pénalisants. Avec le talent au sein de la formation, peu de Canadiens devraient toutefois avoir besoin d’être repêchés.
«Quand tu t’engages à faire les trois distances, tu sais qu’il peut y avoir un repêchage, a lancé Brunelle. Mais au final, physiquement, tu sais que tu as le niveau pour ne pas avoir besoin du repêchage pour accéder au tableau principal. Après, c’est course par course. Si le repêchage a lieu, c’est la vie et on le fait. Oui, ça fait beaucoup de courses, mais on sait à quoi s’attendre.»
Le format de l’ancienne Coupe du monde ne montrait aucune lacune majeure en soi du point de vue sportif, mais l’Union internationale de patinage (ISU) a pris la décision de le réformer, principalement pour améliorer le spectacle. Dans cette optique, la refonte semble faire l’unanimité du côté canadien.
«Le format en soi, j’adore ça. Je trouve ça ‘l’fun’ d’avoir tous les meilleurs sur la glace, parce que, déjà, en quarts, tu as des courses vraiment relevées. Donc, pour le spectacle, clairement, ils ne se sont pas trompés», a commenté l’entraîneur-chef du Canada, Marc Gagnon, qui estime toutefois que quelques ajustements pourraient bénéficier aux patineurs.
«Est-ce qu’il pourrait y avoir de petits ajustements en termes de rythme, ce qui ferait qu’il pourrait y avoir un petit cinq ou sept minutes de repos de plus ici et là? s’est-il questionné. Je pense que ça pourrait être ajusté et amélioré.»
L’autre nouveauté est le nouveau globe de cristal par équipes, qui sera remis à la nation qui accumulera le plus de points dans les courses individuelles et dans les trois relais au cours de la saison.
Pour augmenter l’importance des relais mixtes, masculin et féminin, les points sont triplés par rapport aux distances individuelles. Une victoire au relais donne ainsi le même nombre de points qu’un triplé au 500 m, par exemple.
Les représentants de l’unifolié ne s’en cachent pas: le globe par équipe est maintenant au cœur de leur plan de match. Jordan Pierre-Gilles a affirmé haut et fort qu’il s’agissait de l’objectif principal de l’équipe.
Et pour l’instant, le Canada est confortablement installé en tête avec 3106 points, devant la Corée du Sud (2578) et les Pays-Bas (2145).
«C’est inspirant, a déclaré Dandjinou. Il a une bonne énergie dans la chambre, c’est sûr que ça influence les performances, tout le monde est en forme et ça va bien. On travaille aussi pour garder cette ambiance positive, même dans la défaite. C’est un travail de longue haleine, mais on est là.»
Chaque point comptera, y compris ceux des finales B, parfois négligées par le passé. Kim Boutin et Brunelle ont certes sauté leur tour lors des finales de consolation au 1500 m au cours des deux dernières fins de semaine, mais il s’agissait, dans ces cas spécifiques, de simples calculs en vue du 500 m féminin, disputé très rapidement après le 1500 m du dimanche.
«Dans le cas de Kim, dont la force est vraiment le sprint, une ronde de plus au 1500 m, on sait que ça peut lui enlever un peu de cartouches, même si on est confiants qu’elle en a assez, a expliqué Gagnon. Pour certains athlètes, il y aura peut-être des petits choix à faire comme ça, mais, règle générale, c’est évident (qu’on va faire les finales B), parce qu’on ne veut pas perdre des points au classement général.»
Il faut donc s’attendre à voir quelques changements à la formation canadienne qui prendra part au programme double en Asie, à Pékin et à Séoul, au début du mois de décembre.
Boutin pourrait faire une croix sur le 1500 m, et Courtney Sarault pourrait effectuer un retour dans l’équipe après avoir raté les Championnats canadiens en raison d’une commotion cérébrale. Qualifiée pour les deux prochaines manches, la recrue Qi Miao pourrait s’absenter après avoir elle-même subi une commotion à l’entraînement.
Gagnon, Sébastien Cros et leur équipe analyseront les résultats des deux premières étapes prochainement avant de prendre des décisions.
«On donne de l’importance à tout, a conclu Gagnon. Comment tu bâtis ton équipe en entier, comment ils patinent individuellement, mais aussi comment tu bâtis en tant qu’équipe pour les relais.»