Des soldats ukrainiens auraient affronté des unités nord-coréennes, selon Kyiv

Les troupes ukrainiennes ont pour la première fois affronté des unités nord-coréennes récemment déployées pour aider la Russie dans la guerre avec son voisin, a déclaré mardi le ministre ukrainien de la Défense.

Un autre responsable à Kyiv a ajouté que l’artillerie ukrainienne aurait tiré sur des soldats nord-coréens dans la région frontalière de Koursk, en Russie.

Ces commentaires sont les premiers rapports officiels selon lesquels les forces ukrainiennes et nord-coréennes auraient engagé des combats, après un déploiement qui a donné à cette guerre une nouvelle tournure à l’approche de son jalon de 1000 jours.

Aucune de ces affirmations n’a pu être confirmée de manière indépendante.

Les troupes ukrainiennes et nord-coréennes ont engagé des combats «à petite échelle» qui ont marqué le début de l’implication directe de Pyongyang dans le plus grand conflit européen depuis la Seconde Guerre mondiale, a déclaré le ministre ukrainien de la Défense, Rustem Umerov, en entrevue à la radio publique sud-coréenne KBS.

Des soldats nord-coréens sont intégrés aux troupes russes et sont mal identifiés sur leurs uniformes, a expliqué le ministre Umerov, cité par KBS. Cela rend difficile de dire s’il y a eu des victimes nord-coréennes, a-t-il dit.

Selon certaines informations, M. Umerov a déclaré qu’il s’attendait à ce que cinq unités nord-coréennes, chacune composée d’environ 3000 soldats, soient déployées dans la région de Koursk.

Andrii Kovalenko, le chef de la section contre-désinformation du Conseil de sécurité ukrainien, a déclaré que «les premières troupes nord-coréennes ont déjà été bombardées, dans la région de Koursk». Il n’a fourni aucun autre détail.

Les gouvernements occidentaux s’attendaient à ce que des soldats nord-coréens soient déployés dans la région frontalière russe de Koursk, où une incursion de l’armée ukrainienne, qui dure depuis trois mois, constitue la première occupation du territoire russe depuis la Seconde Guerre mondiale — et a embarrassé le Kremlin.

Les évaluations des services de renseignement américains, sud-coréens et ukrainiens indiquent que jusqu’à 12 000 soldats nord-coréens sont envoyés par Pyongyang dans le cadre d’un pacte avec Moscou.

Le Pentagone a déclaré lundi qu’au moins 10 000 soldats nord-coréens se trouvaient en Russie près de la frontière ukrainienne.

Une première depuis des générations

Davantage de troupes de l’armée nord-coréenne, qui compte 1,3 million de soldats, pourraient être déployées en Russie, selon une analyse publiée mardi par le Conseil européen pour les relations internationales.

Les répercussions s’étendent bien au-delà de l’Europe, selon l’analyse de ce groupe de réflexion. «Malgré les défis de l’intégration – notamment les barrières de communication et les doctrines militaires différentes –, le déploiement de troupes nord-coréennes en Russie représente un changement significatif dans les relations de sécurité européennes et asiatiques», indique l’analyse.

«Pour la première fois depuis des générations, des troupes d’Asie de l’Est participent activement à un conflit européen.»

Les troupes nord-coréennes, dont la qualité et l’expérience au combat sont inconnues, contribuent à la détérioration de la situation de l’Ukraine sur le champ de bataille.

Les défenses ukrainiennes, en particulier dans la région orientale de Donetsk, cèdent sous la pression de l’assaut russe, coûteux mais incessant, qui dure depuis des mois.

Les avancées russes se sont récemment accélérées, avec des gains de champ de bataille allant jusqu’à 9 kilomètres dans certaines parties de Donetsk, a indiqué mardi le ministère britannique de la Défense sur la plateforme X.

Londres estime que la Russie dispose d’un nombre supérieur de soldats et que, malgré de lourdes pertes, la campagne de recrutement du Kremlin fournit suffisamment de nouvelles troupes pour maintenir la pression.

Moscou a l’initiative du champ de bataille en Ukraine depuis l’année dernière. Les responsables ukrainiens se plaignent depuis longtemps que le soutien militaire occidental met trop de temps à arriver dans le pays.

Début octobre, les forces russes ont chassé les troupes ukrainiennes de Vuhledar, une ville perchée au sommet d’une colline d’importance tactique dans l’est de l’Ukraine. Elle faisait partie d’une ceinture clé des défenses ukrainiennes à l’est. Les prochaines cibles de la Russie sont probablement le centre logistique clé de Pokrovsk et la ville stratégiquement importante de Tchassiv Iar.

En attendant, la Russie a maintenu ses attaques aériennes à longue portée sur les zones civiles de l’Ukraine, selon les autorités.

Une attaque perpétrée mardi matin contre la ville de Zaporijia, dans le sud du pays, a fait six morts et 23 blessés, a annoncé le gouverneur régional, Ivan Fedorov.