Élections 2022: le PLQ mise sur la baisse du fardeau fiscal pour reprendre le pouvoir
MONTRÉAL — Le Parti libéral du Québec (PLQ) mise sur l’engagement de baisser le fardeau fiscal de la classe moyenne pour espérer reprendre le pouvoir le 3 octobre.
Dans le cadre du conseil général de son parti, samedi, au centre-ville de Montréal, la cheffe du parti, Dominique Anglade, a indiqué qu’elle ferait de la baisse des impôts un des principaux enjeux de la prochaine campagne électorale, au moment où le taux d’inflation ne cesse de grimper, compliquant toujours davantage la vie des consommateurs confrontés au quotidien à la hausse du coût de la vie.
Jeudi, le ministre des Finances, Eric Girard, confirmait que le taux d’inflation pourrait atteindre 6% cette année.
En mêlée de presse, à son arrivée au conseil général, auquel participent quelque 400 militants, la cheffe libérale a reproché au premier ministre François Legault de ne pas avoir anticipé la crise inflationniste et d’offrir uniquement des mesures ponctuelles, à court terme, pour compenser la hausse des produits de consommation.
«La question du coût de la vie est sur toutes les lèvres», a dit Mme Anglade, qui dit vouloir aider les Québécois à traverser la crise sans trop d’égratignures, grâce à des allégements fiscaux récurrents, durant toute la durée du prochain mandat.
Cette réduction anticipée du fardeau fiscal entraînera un manque à gagner pour le trésor public estimé à 2 milliards $ annuellement. Mais Mme Anglade s’engage du même coup à ce qu’il n’y ait aucun impact sur les services publics à la population. Pas de «coupure de services», pas d’austérité budgétaire, a-t-elle promis.
Les contribuables ayant un revenu inférieur à 92 500 $ auraient droit à une baisse d’impôts de 1,5% annuellement. Cela pourrait vouloir dire jusqu’à un millier de dollars de plus qui resterait dans le portefeuille des gens de la classe moyenne.
En parallèle, un éventuel gouvernement libéral va alourdir le fardeau fiscal des plus riches, soit ceux affichant un revenu annuel supérieur à 300 000 $.
On veut aussi enlever la TVQ sur divers produits de première nécessité (shampoing, dentifrice, savon, etc.) et éliminer la taxe de bienvenue pour l’achat d’une première propriété.
Un gouvernement Anglade prendrait sept ans pour retrouver l’équilibre budgétaire.
Le conseil général a servi de rampe de lancement à la plateforme électorale du parti, un document d’une centaine de pages. Il est assez inusité qu’un parti politique rende publique sa plateforme si tôt, plusieurs mois avant la date de l’élection générale.
L’ex-ministre des Finances libéral, Carlos Leitao, a dit pour sa part que l’engagement électoral du parti était réaliste, étant donné que l’État avait encaissé au cours des dernières années des revenus «beaucoup plus élevés» que prévu. L’État a donc toute la marge de manœuvre financière requise pour procéder à ces allégements fiscaux, selon lui.
«L’économie, c’est la marque de commerce du Parti libéral du Québec», a ajouté la cheffe du parti, prônant une gestion économique du 21e siècle, alors que le premier ministre Legault préfère selon elle un environnement économique du temps de «Maurice Duplessis». Or, le Québec «mérite mieux» que quelqu’un qui «ne comprend pas les fondements de l’économie», se montre arrogant et ne cherche qu’à diviser les Québécois, selon elle.
La plateforme énumère les engagements libéraux sur une foule d’enjeux, dont certains étaient déjà connus.
Les libéraux vont chercher à marier économie et écologie en faisant la promotion de leur projet Éco, avec des investissements privés et publics de l’ordre de 100 milliards $ autour de la filière énergétique de l’hydrogène vert. Ce virage devrait selon eux permettre d’atteindre l’objectif d’un Québec carboneutre d’ici 2050.
On veut faire passer l’objectif de réduction des gaz à effet de serre de 37,5 % à 45 % sous le niveau de 1990 d’ici 2030.
En transport, on renoncerait à tout nouveau projet d’autoroute en zone métropolitaine. On promet la gratuité dans les transports en commun pour les personnes de 65 ans et plus et les étudiants.
Un gouvernement libéral voudrait imposer aux industries des redevances sur l’eau «jusqu’à six fois» plus que le niveau actuel.
En santé, les libéraux veulent déployer 400 équipes Accès Santé partout au Québec pour enlever la pression sur les urgences. Ils veulent aussi ajouter 4000 lits d’hôpitaux et former plus d’infirmières et d’infirmières spécialisées. Un gouvernement libéral mettrait sur pied une commission d’enquête publique sur la gestion de la pandémie de COVID-19.
Pour ce qui est des maisons des aînés, chères au gouvernement caquiste, les libéraux renonceraient à cette formule et n’en construiraient pas de nouvelles.
Même constat pour les maternelles 4 ans: on ne privilégie pas ce modèle, sauf en milieu défavorisé.
Même chose pour le réseau des Espaces bleus, ces lieux culturels dédiés à la culture régionale. Ce ne sera pas un modèle de rayonnement culturel retenu. En culture, on ravive un rêve de Robert Bourassa dans les années 1970: rapatrier les pleins pouvoirs en culture et proclamer la «souveraineté culturelle» du Québec.
En point de presse, elle a dit sentir «une volonté, un appétit de la part des Québécois» pour un rapatriement de pouvoirs au Québec dans le secteur de la culture, de même qu’une ouverture de la part d’Ottawa pour une telle passation de pouvoirs.
Pour les familles, un gouvernement Anglade s’engagerait à maintenir le tarif quotidien en service de garde à 8,70 $, indexé annuellement, et à prolonger le congé parental de six mois, lorsqu’il semble impossible de trouver une place. Il veut aussi compléter le réseau en transformant les places non subventionnées en places subventionnées.
La question de la pénurie de main-d’œuvre, «une incurie pendant quatre ans», selon Mme Anglade, retient leur attention et on mise notamment sur les travailleurs plus âgés pour la contrer. On prévoit notamment donner un congé de cotisations au régime des rentes aux gens de 62 ans et plus et doubler l’exemption d’impôts à ceux qui ont atteint 65 ans.
En matière d’immigration, les libéraux visent à accueillir annuellement 70 000 nouveaux arrivants, en privilégiant l’immigration permanente, non temporaire, et en favorisant leur implantation dans les régions.
Un gouvernement Anglade modifierait la loi 21 sur la laïcité de l’État et l’interdiction des signes religieux, pour en exclure les enseignants. Il renoncerait à la clause dérogatoire qu’elle contient, ouvrant la porte à d’éventuelles contestations judiciaires.
Le même sort serait réservé à la loi 96, qui offre une mise à jour de la Charte de la langue française. Elle serait elle aussi modifiée de manière à éliminer l’obligation pour l’État de communiquer uniquement en français avec les nouveaux arrivants, dès qu’ils sont sur le sol québécois depuis au moins six mois.